« Une personne sur quatre est pauvre »
Telles sont les données statistiques cassantes du rapport sur la misère en Israël en l’an 2008, qui a été publié au mois d’Octobre.
Et aux médias de commenter en première page, en gros titres trompeurs:
« Néanmoins, en dépit de la crise financière, le pourcentage de la population démunie demeure relativement stable »
A la lecture de ces lignes sournoises et mensongères, les représentants du service social ainsi que les œuvres de bienfaisance ripostèrent énergiquement en rapportant des preuves sur l’augmentation importante d’appels à l’aide et le nombre d’enfants affamés.
Notre correspondant de Neto-news, chargé de recueillir les éléments d’information sur la communauté orthodoxe, s’est entretenu de vive voix avec le Rav Yossef Cohen, président de Hasdei Naomi à ce sujet:
N.N. » le nombre d’appels à l’aide reste-t-il vraiment stable? »
Y.C. « Sur quoi se basent-ils en rapportant ces données statistiques, je l’ignore.
A Hasdei Naomi nous assistons à une croissance lamentable de 25% parmi ceux qui réclament une assistance. Pendant la période des fêtes, il y eut une hausse considérable de familles qui imploraient notre aide, parfois atteingant jusqu’à 50% d’appels par comparaison à l’année précédente.
Parmi les nouveaux appels nous pouvons identifier des familles qui dans le passé ne s’étaient pas présentées par gêne. Aujourd’hui ils ont perdu leur dignité et ne se sentent plus dans l’embarras en sollicitant notre aide. Cette situation nous fend le cœur, et je me demande si c’est ce qu’ils appellent « Stabilité » »
N.N. « Peut-on affirmer que la misère a empiré? »
Y.C. « A mon grand regret, ma réponse est oui. L’état de détresse empire et continuera à empirer sans doute. De toutes les demandes que nous recevons, je ne citerai que l’exemple d’un directeur d’école qui nous raconta que des dizaines d’enfants viennent tous les jours à la récréation réclamer aux instituteurs une tranche de pain. Ces élèves-là arrivent à l’école le matin sans goûter et le directeur fait appel à Hasdei Naomi de façon pressante en vue d’obtenir une aide pour ces élèves. Il s’agit de parents qui envoient leurs enfants sans goûter!! La situation est vraiment épouvantable.
A mon grand regret, les médias jonglent avec les chiffres sans vraiment descendre jusqu’aux détails, sans examiner les choses de plus près. »
N.N. « La crise financière est-elle vraiment la cause de cette dégradation?
Y.C. « Sans aucun doute. Les gens qui se trouvent dans une situation embarrassante due au manque d’argent s’adressent à nous et n’éprouvent aucune gêne. Le côté le plus démoralisant est quand à leur retour de l’école, les enfants réclament à manger et la mère demeure muette devant un réfrigérateur vide. Quelle mère peut-elle résister aux larmes de ses enfants?
Comment pouvons-nous réagir, quand à notre grand regret, nous pouvons identifier ces mêmes gens qui dans le passé nous soutenaient, et qui par un coup de sort sont passés au mauvais côté? Il n’y a pas de plus pénible douleur »
N.N. » Peut-on dire que la misère s’attaque uniquement aux familles nombreuses? »
Y.C. « Nul doute que les couches sociales les plus démunies sont plus affectées. Mais nous voyons aussi des familles de trois enfants qui sont en difficulté dû à la crise financière en Israël »
N.N. »En résumé, fait-on suffisamment d’efforts pour améliorer la situation? »
Y.C. « A mon grand regret, les organismes de Hessed se voient contraints de refuser tous ceux qui sollicitent leurs faveurs. Ils se sentent impuissants devant eux.
Les services d’aide sociale se servent de l’appui permanent des organismes de Hessed; Les gens arrivent en grand nombre pour réclamer notre aide, mais la quantité ne peut suffire qu’à une minorité. Une telle situation est à mon grand regret loin d’être « stable »
Il faut faire des efforts pour étudier cette question, et non se laisser impressionner par des données statistiques cassantes où le cri déchirant de milliers d’enfants est étouffé. Si d’après ces données qui proclament q’une personne sur quatre en Israël est affamée, et qu’il y a là de quoi se consoler, je ne sais plus quel est le sens de la douleur »
« Je fais appel à la générosité de tout un chacun pour avoir la main ouverte et contribuer à cet appel. »
