Nourriture de l’âme

Certains laissent différents aléas de la vie passer à côté d’eux. D’autres, qui sont attentifs aux plus infimes détails, comprennent que le Créateur les a mis en présence de telle ou telle situation, afin de leur transmettre un message. Ces derniers, qui cherchent à déchiffrer ce message, réussissent à réaliser de grandes choses dans leur vie.

Le Rav Yossef Cohen fait partie de ces gens-là. Trente années se sont écoulées depuis que, ayant pris ses jeunes enfants à l’école et dans les crèches, il remarqua que d’autres s’y rendaient en haillons et équipés de cartables déchirés. Il fut pris de compassion pour ces enfants et leurs parents, mais, comme il compte parmi ces gens qui se demandent quel est le message que leur envoie le Maître du Monde, il décida de venir en aide à ces familles. Il fit du porte à porte, récolta des produits alimentaires pour les distribuer aux familles indigentes.

Est-ce que le Rav Cohen avait pensé à l’époque, voici trois décennies, qu’il allait, avec les années, se retrouver à la tête de cet empire de charité connu sous le nom de Hasdei Naomi, organisme qui met en œuvre un système de bénévolat de grande envergure qui soutient régulièrement plus de 10 000 familles ainsi que beaucoup d’autres plus sporadiquement? Est-ce que le Rav Cohen avait envisagé que le système bénévole de Hasdé Naomi allait réunir plus de 20 000 bénévoles sur plus de 40 centres de distribution dans tout Israël, avec des représentants d’immeubles chargés de récupérer des produits alimentaires pour les pauvres parmi leurs voisins et de les transmettre par l’intermédiaire des chauffeurs de l’association aux centres de tri et d’empaquetage, avant leur distribution auprès des familles? Avait-il rêvé de la création d’un complexe de salles de réceptions, Armonot Hen (Les Palais de la grâce), où sont célébrés plus de 1000 mariages chaque année? Il semble qu’il n’ait pas à l’époque eu de pensées sur le long terme quant à cette envergure, mais, là où l’homme veut se rendre, ses pas sont dirigés.

C’est à Bené-Berak que nous avons rencontré Miri Siton-Yéhouda, directrice du centre de Bat-Yam, qui travaille depuis 17 ans chez Hasdei Naomi, au moment même où elle s’attelait à mettre à contribution des ateliers d’empaquetage, des exploitations et des usines. «Lorsque nous distribuons des fruits et des légumes, il s’agit de la meilleure marchandise qu’il est tenu de trouver pendant la même semaine dans les magasins. Si vous allez dans le magasin le plus cher de Tel-Aviv, vous n’êtes pas sûrs d’y trouver des produits d’une telle qualité. De même, le panier de produits que reçoivent les familles est de haute qualité, et vaut plusieurs centaines de shekels. Il comprend des produits de base et d’autres produits qui font partie des besoins de toute famille. Avant chaque fête, nous ajoutons aux colis des produits relatifs à cette fête. Les paniers de Hasdei Naomi du centre que je dirige, par exemple, sont acheminés chez des veuves, des mères qui élèvent seules leurs enfants, des rescapés de la Shoah, des malades et ainsi de suite.»

«En dehors des produits alimentaires que nous leur fournissons, nous ajoutons toujours des produits « saisonniers », comme par exemple aujourd’hui, quand nous organisons une distribution de couvertures et de radiateurs. A l’approche de Tou Bichvat, nous avons distribué des « colis de Tou Bichvat ». En fait, tout ce dont nous avons besoin pour nous-mêmes, nous le fournissons aux familles.»

Miri raconte avec une émotion particulière : «En dehors des produits à proprement parler, chez nous, on obtient aussi un soutien moral, qui vaut parfois plus que le colis de nourriture. J’entretiens des contacts avec chaque famille en particulier, et si quelqu’un ne vient pas chercher ce qui lui revient, je me charge de lui fournir les produits à domicile, voire de les lui ranger dans ses placards. Je m’intéresse toujours à la santé des personnes et vérifie si elles ont besoin de quelque chose.»

Miri connait des dizaines d’histoires, dont nous avons choisi de vous présenter la suivante : «La municipalité de Bat-Yam s’est lancée dans l’opération de distribution de sandwiches dans les écoles, afin de s’assurer qu’aucun enfant ne resterait affamé. Une enseignante s’est aperçue que l’un des élèves, âgé seulement de sept ans, en prenait tous les jours cinq. Quand elle vit que ce phénomène se répétait régulièrement, elle lui demanda, en évitant que d’autres enfants ne les écoutent, pourquoi il agissait de la sorte. « Afin que mes frères et ma mère aient aussi de quoi manger », avait-il répondu. Cette réponse avait été donnée dans une simplicité si émouvante…  »

Il est clair qu’une telle situation ne laisse personne indifférent et, depuis ce jour, ils se rendent chez Hasdei Naomi, au centre de Bat-Yam, et y obtiennent une nourriture de qualité en profusion, ainsi que des vêtements, et ils ont à qui s’adresser en cas de besoin.

Est-ce que quelqu’un s’est demandé s’il n’y avait pas des gens qui avaient faim et n’avaient pas même du pain à manger? Si c’est le cas, cette histoire parle d’elle-même.

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