Quotidien Yédioth Aharonoth (Dernières nouvelles)

Moi, je suis un enfant pauvre, A., j’ai seize ans, et je relate par écrit la vie qui se cache derrière les chiffres. «Je partage chaque bourékas (mets de pâte feuilletée fourrée) en trois.»

yediLe courant coupé, l’habit déchiré et le sommeil avec les chaussures aux pieds en hiver: c’est le lot d’un enfant sur trois en Israël.

  1. a seize ans

il se situe en-dessous du seuil de pauvreté

«Tous les lundis et jeudis, j’entends pleurer ma mère, parce qu’une personne de plus lui a crié qu’elle lui devait de l’argent. Elle tente de cacher ses larmes sans succès. Je vois sans arrêt ma mère s’adresser à des gens et les supplier pour quelques sous. Je n’ai en tout que seize ans et je n’ai pas encore eu le temps de connaître le monde. Parfois je me demande ce que j’ai bien pu faire de mal.

J’ai grandi dans une ville du centre du pays, nous sommes cinq frères et je suis le plus jeune. Nous tous, à part mon frère aîné, habitons à la maison avec maman. Papa est mort depuis cinq ans et maman vit d’une allocation. L’association Hasdei Naomi nous vient en aide pour les légumes et la nourriture du mieux possible, et maman se soucie qu’il y ait de quoi manger sur la table. Si, par exemple, on nous donne deux bourekas, on les partage chacun en trois, afin que chacun puisse y goûter.

Ça fait plusieurs fois qu’on nous a coupé l’électricité, ou que j’ai ouvert le robinet et qu’il n’y avait pas d’eau. Chaque mois nous sommes menacés de coupure, maman a toujours peur qu’il ne se passe quelque chose et que l’on nous jette à la rue. C’est une sensation pénible. Je voudrais quitter l’école et travailler mais maman ne me le permet pas.

Quand les copains veulent aller au restaurant, je leur dis que je ne peux pas et je leur invente des prétextes. Les enfants peuvent être très cruels. Un jour j’ai reçu un manteau avec une capuche trouée. L’un des enfants s’est moqué de moi et m’a demandé pourquoi je me promenais avec une capuche trouée. Une autre fois je me suis rendu à l’école avec la même chemise et le directeur m’a demandé pourquoi je ne l’avais pas changée. Je lui ai expliqué que je n’avais pas le choix, que c’était tout ce qu’il y avait.

 En hiver, quand il fait froid et qu’il n’y a pas d’argent pour chauffer, il arrive que l’on mette quatre chemises pour se réchauffer, et parfois je dors avec mes chaussures parce qu’elles me tiennent chaud.

Le plus dur pour moi, c’est que mes rêves ne se réalisent pas. Peut-être qu’un jour, quand j’irai travailler, je pourrai les concrétiser. J’aurais vraiment voulu un téléphone perfectionné comme tout le monde. J’ai un vieux modèle, une antiquité, et j’en aurais vraiment voulu un sérieux, un iPhone comme chacun en a un. Je sais qu’aujourd’hui c’est impossible.

Si j’avais eu de l’argent, j’aurais aimé aider maman à acheter une maison. Maman dit toujours que quand on a une maison on a tout. J’espère vraiment que la situation sera différente pour moi quand je serai grand.»

35% des enfants en Israël sont pauvres.

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